Présence sur scène : quand la vulnérabilité devient puissance
- isabelle dion
- 20 mai
- 5 min de lecture
Je redescends doucement… de cette scène, de ce moment, de cette fin de semaine vibrante. Je suis passée par toute la gamme d’émotions. Une chose est certaine : j’ai vécu pleinement le moment.
En novembre dernier, je me suis inscrite à ONE, le programme Mastercoach pleine conscience de mon mentor François Lemay. Ce jour-là, je me suis fait une promesse : embarquer dans cette aventure à 100%. Et ça voulait dire aussi… livrer une conférence six mois plus tard.
Aujourd’hui, j’ai envie de vous ouvrir les coulisses de ce moment unique. Cette première fois où j’ai osé parler devant public en pleine conscience, dans toute ma vérité du moment.
Les coulisses : entre stress, préparation et audace.
Même si le jour J approchait, je me sentais plutôt calme dans les semaines précédentes. J’avais choisi de ne rien préparer d’avance, consciente que le message allait évoluer jusqu’à la toute dernière minute. Et c’est exactement ce qui s’est passé… sauf pour une chose.
Lors de ma dernière retraite au Couvent de Val-Morin en février, l’idée de livrer une chanson pendant mes quinze minutes sur scène m’avait traversé l’esprit. Cela faisait des années que je n’avais pas chanté devant un public. La musique… ses fréquences, ses vibrations… font profondément partie de ma vie, de qui je suis. Et elles me manquaient vraiment.
Comme un appel intérieur impossible à ignorer, j’ai écrit à un pianiste que j’admire profondément; Mathieu Bourret. Et sa réponse fut un oui, il m’accompagnerait. Un pur cadeau de la vie.
Côté gestion de moi-même et du stress, tout allait vraiment bien…jusqu’à deux jours avant la conférence. Et là, le tsunami. La nervosité, les doutes, la peur de ne pas trouver les mots, de perdre le fil, d’oublier les paroles de ma chanson… J’ai rarement appliqué les enseignements de pleine conscience avec autant d’intensité que pendant ces 48 heures-là.
Le jour venu, malgré l’écoute active (et émotive) des conférences de mes frères et sœurs de cœur ONE, j’étais encore très « dans ma tête »… jusqu’à une minute avant d’entrer en scène. Mon visage et mon regard disaient tout.
Le moment de bascule : la scène comme ancrage
Le cœur prêt à sortir de ma poitrine, la respiration rapide, les mains moites… j’attendais ce moment. J’ai retiré mes talons et mes bas, et j’ai avancé pieds nus sur scène.
J’ai retiré le nez de clown que je m’étais mis pour me rappeler de rester dans le plaisir et la légèreté.
Puis j’ai levé la tête, ancrée et j’ai partagé mon intention haut et fort : vivre pleinement chaque seconde de mon moment sur scène.
Je me suis sentie immédiatement « groundée ». J’ai débuté en livrant ma vérité, ce texte écrit dans mon journal à l’arrivée à une retraite un an auparavant. Puis comme portée, le message est venu… clair, aligné, au service de quelque chose qui me dépasse.
Le chant : médecine pour l’âme
Puis est venu le moment que j’avais préparé, chanté, rêvé. Je m’étais offert ce cadeau. Ce risque. Ce plongeon. Mais, d’une certaine façon, c’était un retour aux sources.
La chanson Quiet, c’est elle qui m’avait choisie. Malgré qu’elle soit en anglais, elle avait résonné fort en moi, elle m’avait ouvert le cœur. Elle parlait d’un appel intérieur, de cette voix qu’on n’écoute pas toujours… mais qui nous connaît mieux que personne. Cette voix ne crie jamais, mais elle guide dans le silence. Cette chanson, j’aurais pu l’écrire.
En partageant ce qu’elle signifiait pour moi, je me laissais déjà porter par les premières notes jouées par mon ami Mathieu. Ces accords… mon corps les connaissait par cœur. Il y avait une harmonie entre nous. Un espace partagé. Une vibration juste.
J’ai laissé mon souffle trouver sa place, ma voix s’élever doucement. J’étais loin de toute performance qui m’avait habitée jadis sur scène. J’étais dans l’offrande.
J’ai senti mon corps vibrer. Mon cœur s’ouvrir. J’ai senti la salle se déposer dans le silence. Un espace sacré.
Et moi, je retrouvais une part de moi que j’avais trop longtemps laissée de côté. Celle qui chante, qui ose, qui vibre. Ce moment m’a fait un bien immense. Comme une médecine douce, intime et juste. Et je sais que ce ne sera pas la dernière fois.
La fin de cycle : accueil, intégration, vérité
Après la conférence, il y a eu cette vague. Une vague d’amour, de messages, de regards remplis d’émotion. Des « merci », des « tu m’as touchée », des « je me suis reconnue ». Je recevais et laissais descendre doucement tout ce qui venait.
Mais à l’intérieur de moi, un petit contraste s’est pointé. Beaucoup me parlaient de ma chanson… de la vibration du moment. Et plus rarement de mon message.
Une part de moi aurait aimé qu’on me parle du fond. Mais l’autre a compris. La musique a été le canal. Elle avait permis à mon message de passer… autrement. Par les cellules. Par l’émotion. Par ce qu’on ne peut pas nommer.
J’ai accueilli ce contraste avec humilité. Et avec une grande fierté aussi. Parce que j’ai été vraie. Entière. Sans masque. Parce que j’ai osé me montrer telle que je suis, dans toutes mes couleurs.
Et je ne l’ai pas fait seule.
J’ai été portée, entourée, soutenue.
Par mon coach, François Lemay, ce catalyseur de dépassement. Cet homme qui a vu au-delà de ce que je voulais bien montrer. Il nous invite, doucement mais fermement, à reconnaître qui nous sommes… et à oser pleinement. Il a soufflé sur mes braises.
Par mes frères et sœur de cœur ONE, aux côtés desquels je marche ce chemin depuis des mois.
Par Mathieu, son calme rassurant, son talent incroyable et sa qualité d’humain. Il a été un de mes ancrages.
Par ma famille, mes amis, ces belles âmes présentes ou non ce jour-là, remplis d’amour et témoins de mes débuts.
Et aussi… par quelque chose de plus grand.
Cette plume d’aigle que j’avais emportée avec moi sur scène, discrète mais puissante, me rappelait qu’une force m’accompagnait.
Dans les traditions autochtones, l’aigle est le messager du Grand Esprit. Il vole haut, voit loin et nous invite à embrasser notre vérité avec courage.
Ce jour-là, j’ai senti ses ailes me frôler. Et dans cet envol intérieur, j’ai entendu une voix douce me souffler… « Élève-toi Isa ». Comme dans mon rêve.
L’envol intérieur
Ce jour-là, sur scène, j’ai compris que ma plus grande vulnérabilité… était aussi ma plus grande puissance.
C’est en choisissant le silence que j’ai pu entendre ma vraie voix. Celle qui murmure, celle qui sait. Celle qui attendait patiemment qu’on l’écoute enfin.
En osant me montrer entière, dans toute ma vérité, j’ai découvert que dire oui à soi -même avec le cœur qui bat trop fort- c’est déjà commencer à s’élever.
Pas au-dessus des autres…
mais au plus près de soi.
Et toi…dans le silence, à quoi diras-tu oui aujourd’hui?



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