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Les enfants, les grands maîtres du moment présent

Jamais je n’aurais cru recevoir une telle leçon en accueillant, le temps d’un week-end chez « Marraine », une petite âme de moins de trois ans.  Bien sûr, je savais que ce serait joyeux, divertissant et rempli de câlins, car c’est l’âge de l’émerveillement, de la curiosité et de la spontanéité. Mais je n’avais pas prévu que ce serait toute une expérience de pleine présence.


Être là, avec elle, signifiait oublier tout le reste. Sans le savoir, elle m’a offert bien plus que sa présence.

 

Ces petits instants qui ramènent à l’essentiel


Quand elle s’est précipitée dans mes bras à la garderie, me serrant avec toute la force qu’elle pouvait fournir, j’ai immédiatement senti que les jours passés ensemble seraient simples, vrais et lumineux.


Accompagnée de mes grandes et de « Parrain », nous avions comme mission de veiller à ce qu’elle se sente bien, en sécurité et surtout, qu’elle ne ressente pas trop l’absence de son cocon familial.


Jouer à la cache-cache, faire descendre son toutou dans la chute à linge, faire des séances de chatouilles, s’enfermer dans la cage du chien… un rien la faisait rire aux éclats.


L’heure du dodo venue, une petite dose de réconfort était nécessaire. La doudou, le toutou, une veilleuse… ce n’était pas assez. Elle a eu besoin de présence. Allongée à ses côtés à l’étroit sur le petit matelas au sol, je l’ai observée.  

Les paupières sont devenues lourdes, la respiration s’est ralentie, les bras ont lâché l’étreinte sur la peluche… elle s’est abandonnée dans les bras de Morphée.  Un doux moment rempli de présence, comme je me permets rarement.

 

Le pouvoir du moment présent


Ces instants simples, à la fois joyeux et tendres, m’ont fait réaliser une chose essentielle : en présence d’un enfant, il n’y a pas d’autre choix que d’habiter pleinement l’instant. Chaque jeu, chaque câlin, chaque respiration devient une invitation à revenir ici, maintenant.


En la regardant s’endormir, en jouant avec elle, en répondant à ses besoins les plus simples, j’ai compris que je n’étais nulle part ailleurs que dans ce moment.  Il y a eu peu d’espace pour des pensées passées ou futures.


Il n’y avait rien d’autre à faire qu’être.


Et je me rends compte que ce n’est pas seulement moi qui ai vécu cette présence. Mes filles aussi. Le cellulaire est resté à l’écart la majorité du temps… et elles n’ont rien « manqué ».  Au contraire, elles ont gagné : des rires partagés, des jeux spontanés, des instants purs.


Avec recul, peut-être ai-je eu plus de facilité encore à vivre cette pleine présence… parce qu’elle n’est pas mon enfant? C’est étrange à dire, mais je crois que le regard était différent parce que l’enjeu de la parentalité n’était pas là. Je n’avais qu’une seule mission : aimer, veiller, être.


Où est passé mon cœur d’enfant?


Rire vraiment. Jouer simplement. S’émerveiller d’un rien. Exprimer tout, sans retenue. Chez les enfants, tout cela est si facile, si naturel. Rien n’est compliqué. Le rire jaillit tout simplement, les larmes suivent leur cours, les yeux s’illuminent devant un papillon ou un ballon. Ils passent d’une émotion à l’autre avec une aisance déconcertante, sans s’y accrocher, sans se censurer.


En les observant, je me rends compte à quel point cette spontanéité est précieuse. Les enfants ne se demandent pas s’ils paraissent ridicules en riant trop fort. Ils ne se retiennent pas d’exprimer leur colère ou leur joie. Ils ne jugent pas. Ils vivent l’instant, tout simplement.


Et nous, adultes… quand avons-nous perdu cela? Quand avons-nous commencé à cacher nos émotions pour paraître « forts »? Quand avons-nous cessé de nous émerveiller de la beauté des petites choses, au point d’avoir besoin d’un journal de gratitudes pour s’efforcer de s’en souvenir?  Quand avons-nous laissé les responsabilités et le besoin de performer prendre une grande place?


Ce cœur d’enfant, nous l’avons tous en nous. Mais parfois, il s’est recouvert de couches de sérieux, de contraintes, d’habitudes. Comme si une fine poussière l’avait recouvert au fil du temps. Et pourtant, il suffit parfois de côtoyer un enfant pour qu’un simple souffle la disperse et que ce cœur retrouve toute sa lumière.

 

Une invitation à ÊTRE


Ce week-end, cette belle enfant m’a rappelé quelque chose de fondamental : il n’y a rien de plus précieux que d’habiter pleinement l’instant et de laisser vivre notre cœur d’enfant.


En la regardant, j’ai réalisé que ce cœur-là n’est jamais bien loin. Il suffit parfois de ralentir, de jouer, d’écouter, de rire sans se retenir pour qu’il reprenne sa place. Elle m’a offert ce cadeau : redevenir, l’espace de quelques jours, plus présente, plus vivante.


Je me suis surprise à penser que j’aurais aimé avoir cette présence et cette conscience quand mes filles avaient cet âge. Peut-être aurais-je agi différemment? Peut-être aurais-je profité des moments autrement? Mais dans mon cœur, je sais que j’ai fait de mon mieux, avec la conscience que j’avais à ce moment-là. Et aujourd’hui, je choisis d’accueillir cette réflexion sans regret.


Et si nous laissions nos enfants — ou les enfants autour de nous — nous enseigner l’art de la présence? Et si nous nous autorisions à retrouver ce cœur d’enfant qui est là en nous? Peut-être plus proche que nous le croyons.

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