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La peur : apprendre à l’apprivoiser et à avancer

Il y a des émotions qu’on préférerait éviter. Et parmi elles, la peur. Elle serre la poitrine, contracte le ventre, prend en otage notre mental. Elle peut être bruyante ou silencieuse, soudaine ou insidieuse. Mais toujours, elle cherche à nous dire quelque chose.


Ces derniers jours, elle s’est invitée à plusieurs reprises autour de moi, et ce, à différents niveaux d’intensité. Parfois, elle nous traverse. D’autres fois, elle nous fige et nous empêche d’avancer.


Et si, au lieu de vouloir la fuir ou la faire taire, on choisissait plutôt de l’apprivoiser? De lui offrir un peu d’espace, un peu de lumière.

Parce qu’au fond, la peur n’est pas l’ennemie. C’est une messagère. Et parfois, avec un peu de conscience… elle peut même devenir une alliée.

 

Quand la peur prend racine… dans l’imaginaire d’un enfant


C’était il y a un peu moins d’une semaine, pendant nos vacances familiales dans Charlevoix. Un endroit magnifique, sauvage, paisible et ressourçant. Et surtout, un endroit connu, car c’était la deuxième fois que nous campions sur ce site en famille.


Mais pour ma plus jeune, ce cocon nature s’est doucement teinté d’un fond d’inquiétude. Tout a commencé par la lecture d’une simple pancarte « Que faire lors d’une rencontre avec un ours noir. »  Au souper, nous avons échangé sur le sujet, essayant de créer une bulle de réconfort. Mais dans son imaginaire, c’était déjà le début d’un scénario.


Le lendemain, alors qu’elle s’affairait à laver la vaisselle avec sa sœur (quelle chance pour nous!), elle découvrit l’existence d’un tableau qui mentionnait la présence d’animaux sauvages aperçus sur le site dans les jours précédents. 


Un ours noir avait été aperçu dans le stationnement du site quelques jours auparavant.  C’est là que l’angoisse a commencé à s’infiltrer doucement en elle.  Chaque craquement dans la forêt devenait une menace.

À chaque crépuscule, son imagination s’emballait à nouveau.


Puis un soir où le ciel offrait tout un spectacle, mon amoureux a proposé aux filles d’admirer le ciel étoilé. Et là, ce fut trop. La peur a débordé. Une véritable crise d’angoisse s’est installée, incontrôlable.  Hyperventilation, tremblements.


Et moi, qui dormais profondément à quelques mètres de là… je n’en savais rien. Elle a finalement trouvé un peu d’apaisement, portée par la présence bienveillante de son papa.


Le lendemain, lorsque j’ai su ce qui s’était passé, j’ai choisi d’accompagner Charlotte à la rencontre de cette peur. On s’est installées toutes les deux, à l’orée du bois, à la clarté du jour.

Je l’ai invitée à observer… chaque mouvement, chaque bruit. Admirer la grandeur de la forêt et de toute la vie qui y habite.

Remettre de la présence dans tout ce qui, la veille, semblait menaçant.


Je ne pouvais pas la protéger de tout. Mais je pouvais marcher à ses côtés, pour apprivoiser ce qui était là en elle.

Ce n’était pas magique. La peur ne s’est pas évaporée d’un coup.

Mais je l’ai vue, ma fille, reprendre un peu de pouvoir sur ce qu’elle vivait.

Elle a joué le jeu.

Et dans son regard, j’ai senti un soupçon de calme la regagner.


Les mille visages de la peur


Ce moment avec ma fille m’a ramenée à toutes ces peurs que je croise aussi, en moi et autour de moi.

La peur des hauteurs.

La peur de prendre la route vers une destination inconnue.

La peur de prendre l’avion. La peur de vomir en voiture.


La peur de parler en public.

La peur d’oser un projet qui nous tient à cœur.

La peur du jugement, de l’échec, de ne pas être à la hauteur.


La peur de tout perdre, ou de perdre ce qu’on aime. La peur de se retrouver seul.

La peur de décevoir.

La peur de changer… ou que rien ne change.


La peur d’avoir peur.  La peur de perdre le contrôle.


Ces peurs prennent mille visages. Parfois, elles crient. D’autres fois, elles chuchotent en arrière-plan, si discrètement qu’on finit par croire qu’elles ne sont pas là.


Et pourtant, elles influencent nos choix, nos gestes.


Reconnaître nos peurs, c’est déjà faire un pas vers soi.

Mais une fois qu’on les voit… qu’est-ce qu’on en fait ?

Comment les traverser sans se figer, sans fuir ?

Comment avancer, même quand elles sont encore là ?

 

Face à la peur, choisir la présence plutôt que la fuite


On ne chasse pas la peur à coups de volonté.

On ne la contrôle surtout pas.

Mais on peut choisir de l’apprivoiser, une respiration à la fois.


Quand elle se présente, la première étape, c’est souvent simplement de la reconnaître.

De la nommer, sans chercher à l’éteindre tout de suite.

« Coucou, je te vois. Je ressens de la peur. Je ressens de l’inconfort. Il y a quelque chose en moi qui se contracte. »

Juste ça. Une présence à ce qui est.


Puis, ramener doucement l’attention au corps, à l’instant présent.

Respirer. Bouger. Se déposer.


Parfois, l’écriture peut aider à vider le mental.

Parfois, marcher, danser, ou parler à une personne de confiance permet à la peur de circuler.

Et parfois, c’est juste rester là, en silence, les deux pieds bien ancrés dans le sol, à écouter battre son cœur… et à ne pas fuir. C’est parfois la clé de la progression.


Chaque peur est différente.

Mais elles ont toutes quelque chose en commun.

Elles perdent un peu de leur pouvoir quand on les regarde en pleine lumière, avec douceur et curiosité.

 

Avancer, même avec la peur


Il n’est pas toujours question de vaincre la peur.

Mais plutôt d’avancer avec elle, main dans la main.

De se rappeler qu’on peut agir avec la peur, pas sans peur.

Et que chaque petit pas compte. Même les plus tremblants.


Se donner de la douceur, c’est déjà un acte de courage.

Reconnaître sa peur, la regarder sans se juger, c’est un mouvement vers plus de liberté.


Et quand on parvient à faire un pas de plus…

quand on ose malgré l’inconfort, quand on choisit la présence au lieu de l’évitement…


Il est essentiel de célébrer ces petites victoires.

Parce qu’elles sont immenses, en vérité.

Elles sont les fondations de notre confiance.

Et elles nous rappellent que, parfois, le simple fait de rester là, debout… c’est déjà beaucoup.

 

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