top of page

ET SI LA VIE ÉTAIT LÀ POUR NOUS ENSEIGNER?


Ce texte, je l'ai écrit il y a environ un an, suite à mon ascension du Kilimandjaro en janvier 2023. Ce périple a été un moment charnière dans ma vie, un instant suspendu où beaucoup de questions m'habitaient... et où la vie me soufflait doucement que tout était là pour m'enseigner.


En le relisant dernièrement, j'ai ressenti beaucoup de tendresse pour celle que j'étais. Et même si beaucoup de choses ont changé depuis, j'ai choisi de le déposer ici, dans sa forme originale. Comme un témoin de mon chemin. Comme un rappel que chaque étape compte. Que les sommets et les vallées font tous partie de la même aventure.


Je vous laisse maintenant entrer dans ces mots, tels qu'ils ont été écrits, avec le coeur d'Isa, version 2023.



À chaque instant, elle parsème notre route de beaux moments et de belles expériences.

D’autre fois, elle y met des situations qui semblent difficiles, voire impossibles à surmonter.

Et si tout avait une raison d'être, que chaque défi nous permettait d'évoluer et de devenir

une meilleure version de nous-mêmes?


Il y a un peu plus d’un an, je franchissais le cap de la quarantaine. Pour souligner cette étape marquante de ma vie, j’ai ressenti le profond désir de me dépasser, de cocher un item sur ma « bucket list »; j’allais faire l’ascension du Kilimandjaro. Cette montagne avait toujours été pour moi une icône. Je me visualisais au sommet, vibrant devant l’immensité du paysage et savourant les sentiments de paix et de fierté qui m’habitaient.


Plus le jour J approchait, plus je me sentais privilégiée de pouvoir vivre cette aventure. Le

sommet était certainement un objectif, mais je désirais plus que tout profiter de chaque

minute de cette expérience unique. L’important n’est pas la destination, mais le chemin. Je ne peux plus compter combien de fois je me suis répétée ce mantra.


Polé Polé

La beauté de l'ascension d'une montagne, où l'altitude influence ton corps et ta respiration, c’est que tout te ramène dans le « ici et maintenant ». Le bruit et la sensation de mon pied

touchant le sol, le nuage de poussière qui s'en élève, les rayons du soleil caressant

ma joue avec toute leur puissance, le poids de mon sac sur mon corps, le « Maji

Maji » crié au loin me rappelant de m'hydrater, et ma respiration qui s'adapte, tout cela me plonge pleinement dans le moment présent. Si je désirais accélérer le pas pour ne pas ralentir le groupe, un guide me regardait avec toute sa bienveillance et sa compassion et me disait « Polé Polé », signifiant doucement.


Un pas à la fois, doucement, j’ai savouré.


La cinquième journée, les yeux remplis de larmes de fierté et de gratitude, j’ai vu le soleil se lever du sommet de la plus haute montagne d’Afrique. J’avais tant rêvé à ce moment, et là, j’y étais. J’avais atteint mon objectif.


Tout ce qui monte redescend.

« Twende Twende ! » Après quelques petites minutes seulement, les guides rassemblaient le groupe en criant ces mots afin d’amorcer la descente. Vraiment ? Était-ce déjà le moment de descendre ? Je ne pouvais pas y croire. Tant de préparations, tant d’efforts pour seulement dix minutes au sommet, qui avaient paru aussi éphémères qu’une traînée d’étoile filante.


La descente fut difficile physiquement. Le retour du voyage, quant à lui, fut un défi mental et émotionnel.


Après avoir vécu un périple grandiose et un safari tanzanien rempli de moments magiques, la vie que j’avais laissée derrière l’instant de trois semaines m’attendait; mes filles, ma maison, mes patients, mes employés, mon entreprise, les attentes, les urgences, le stress, etc. Cette vie n’avait pas changée. Moi oui. Et plus que je ne le croyais.


Le brouillard

Sans me poser de questions, j’ai revêtu mes différents chapeaux et la routine a repris de plus belle. Le temps passait et je ne pouvais expliquer la déception et la frustration qui m’habitaient depuis mon retour de l’Afrique. Cette aventure avait été bien plus facile pour moi que je ne l'avais imaginé. Pourquoi étais-je déçue ? Était-ce parce que le périple avait été trop facile ? Pourquoi étais-je frustrée ? De ne pas avoir pu pleinement profiter du

sommet, ou de ne pas avoir eu un moment pour moi ?


Une chose était certaine : ma vie, la pièce de théâtre que j’avais créée, m’étourdissait. Tout allait si vite. J’ai alors pris conscience que j’avais développé un profond attachement à la paix, au moment présent, à ce Polé Polé vécu en Tanzanie. J’allais trouver un moyen de créer et de cultiver ces moments en conscience au quotidien.


Pendant des mois, mon entourage m’a félicitée pour mon accomplissement, tandis qu’un sentiment de vide et de manque occupait une grande place au plus profond de moi. J’étais aveuglée par un brouillard. J’ancrais inconsciemment dans mes pensées le doute sur la suite de mon parcours en me posant les mêmes questions et me racontant la même histoire. Suis-je à la bonne place? Pourrais-je être utile autrement ? Est-ce cela la crise de la quarantaine dont tout le monde parle? J’avais hâte de voir clair, de trouver les réponses. J’en devenais impatiente.


La montagne, cette grande enseignante

Après quelques mois, j’ai compris que le « Après-Kili » était pour moi LE grand défi, l’apprentissage. La résistance que je vivais allait assurément me permettre d’évoluer, de devenir une meilleure version de moi-même. À l’image de la montagne, il fallait que j’apprenne à savourer les sommets et les vallées de ma vie.


Le sommet, le point culminant de la montagne, est un endroit unique où la

terre rencontre le ciel. C’est un endroit où il est possible de prendre de la hauteur, de s’élever. Là-haut, une grande puissance nous habite. Nous pouvons contempler le monde et apercevoir au loin le prochain sommet, le prochain défi. Être en mesure de voir ce qui nous attend devant peut parfois être rassurant.


L’assise de la montagne est tout aussi importante et impressionnante. C’est sous le niveau de la mer que la montagne prend véritablement forme. Cette fondation représente l’ancrage, la stabilité et la force. Le point de vue est différent depuis les vallées, mais tout aussi magnifique.


Plusieurs questions demeurent sans réponse à ce jour. La seule vérité est que j’ai confiance en la vie. Tout a sa raison d’être, ne cherchons pas à comprendre. Laissons la vie être telle quelle, elle danse selon des cycles. Tout ce qui monte doit nécessairement redescendre.


C’est en cultivant le calme et la paix d’esprit, en accueillant les défis, en laissant la vie couler en moi que le brouillard se dissipera, tout simplement.


Tout est toujours parfait.

J’accepte le défi du moment et je laisse la vie m’enseigner et m’émerveiller.



Commentaires


bottom of page